JeanPierre SimĂ©on SIMÉON J-P, La Nuit respire , Le Chambon-sur-Lignon, Éditions Cheyne, 1997 En classe, ce poĂšme pourrait permettre de travailler la poĂ©sie en elle-mĂȘme et sa comprĂ©hension, mais aussi la dĂ©finition de la diffĂ©rence et son lien avec l’altĂ©ritĂ©. Introductionde Jean Pierre SimĂ©on 1) « La poĂ©sie, pas peur !» p.4 2) Catalogue d’actions proposĂ©es aux enseignants par le Printemps des PoĂštes p. 6 Fiches pratiques pour mettre en oeuvre les actions − donner Ă  Ă©couter, Ă  lire, offrir p. 7 − l'oralitĂ© en poĂ©sie p. 11 − avec des partenaires – intervenants p. 13 − Ă©crire p. 16 − les prix de poĂ©sie p. 17 3) 14e ƒuvrecomplĂšte. Éditions La DiffĂ©rence, 2005.Jean-Pierre SimĂ©on. Algues, sable, coquillages et crevettes : lettres d’un poĂšte Ă  descomĂ©diens et Ă  quelques autres passeurs. Cheyne, 2006.Jean-Pierre SimĂ©on. Sermons joyeux : de la lente corruption des Ăąmes dans la nuittombante. Les Solitaires intempestifs, 2005.AnthologiesA poĂšmes 2006: Pierre SimĂ©on, Lettres la femme aimĂ©e au sujet de la mort, Cheyne Ă©diteurs; 2006 : Özdemir Ince, Mani est vivant !, Ă©d. Al Manar; 2007 : DaniĂšle Corre, Énigme du sol et du corps, Ă©d. Aspects; 2007 : Marie Huot, Chants de l'Eolienne, Ă©d. Le Temps qu'il fait; 2007 : Vasco Graça Moura, Une lettre en hiver et autres poĂšmes (1963 Introductionde Jean Pierre SimĂ©on 1) « La poĂ©sie, pas peur !» p.4 2) Catalogue d’actions proposĂ©es aux enseignants par le Printemps des PoĂštes p. 6 Fiches pratiques pour mettre en oeuvre les actions − donner Ă  Ă©couter, Ă  lire, offrir p. 7 − l'oralitĂ© en poĂ©sie p. 11 − avec des partenaires – intervenants p. 13 − Ă©crire p. 16 − les prix de poĂ©sie p. 17 3) 14 e Vay Tiền Online Chuyển KhoáșŁn Ngay. Ainsi disait, de façon prĂ©monitoire, Jean Cocteau La poĂ©sie est la plus haute expression permise Ă  l’homme. Il est normal qu’elle ne trouve plus aucune crĂ©ance dans un monde qui ne s’intĂ©resse qu’aux racontars.» En effet, la poĂ©sie n’est pas de l’ordre des racontars, en effet elle ne nous raconte pas d’histoires, une autre raison donc de l’exclure dans le hors-champ. 
 J’en ai Ă©tĂ© tĂ©moin tant de fois la plupart de ceux qui, accoutumĂ©s Ă  la langue basse de la logorrhĂ©e mĂ©diatique et du discours technocratique, entendent un poĂšme Ă  eux offert Ă  l’improviste, remercient. J’ai eu le sentiment parfois qu’ils y retrouvaient une dignitĂ© et comme une fiertĂ© pour eux-mĂȘmes. Il y a une distinction dans la langue du poĂšme qui est une distinction morale. Or, je me souviens Ă  ce sujet de ce que disait Roland Barthes Ă  propos du théùtre populaire, que la distinction ne devait pas ĂȘtre l’apanage de la bourgeoisie mais ĂȘtre un bien commun et que, au peuple, il fallait le donner en partage. Nous vivons un temps vulgaire la seule Ă©coute d’un poĂšme y objecte. Ceci mĂȘme le seul fait de dire un poĂšme pour soi-mĂȘme c’est s’insurger contre la vulgaritĂ© du temps et s’éprouver libre par clandestine insoumission. Propager la poĂ©sie c’est contester l’assimilation du populaire au vulgaire que l’évolution sĂ©mantique de ce dernier terme Ă  travers les siĂšcles Ă©nonce. Rendre la poĂ©sie populaire, la plus distinguĂ©e poĂ©sie, c’est venger le peuple de la vulgaritĂ© Ă  quoi on le rĂ©duit, par le partage de la distinction. Jean-Pierre SimĂ©on, La poĂ©sie sauvera le monde, Le Passeur Éditeur, 2015, > 18 mars 2015 3 18 /03 /mars /2015 1644 Voici une poĂ©sie "La diffĂ©rence" de Jean-Pierre SimĂ©on illustrĂ©e par Sohane en CM2. Partager cet article Repost0 PubliĂ© par Ecole Notre-Dame Tonneins - dans Vie de classe commenter cet article 
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 Est-ce vraiment le moment de lire de la poĂ©sie ou mĂȘme, d’ailleurs, de s’y consacrer ?Jean-Pierre SimĂ©on. Je suis prĂ©cisĂ©ment convaincu que la poĂ©sie est nĂ©cessaire, utile, voire urgente, dans le contexte d’un monde chahutĂ©, tourmenté  OĂč tout va mal, quoi. Parce que la poĂ©sie incarne, manifeste mais permet aussi de partager, de prendre conscience de ce que l’on appelle gĂ©nĂ©ralement la beautĂ© ». C’est un terme attrape-tout, je le sais bien. C’est pour cela que j’essaie de dire, dans ce livre, ce que j’entends, moi, par beautĂ© ». La beautĂ© ce n’est pas, Ă  mon sens, la belle forme, l’harmonie, toutes ces reprĂ©sentations hĂ©ritĂ©es de la tradition, que j’estime enfermantes. Pour moi, la beautĂ©, donc ce que la poĂ©sie exprime, c’est quelque chose qui est de l’ordre de l’énergie. De l’ordre de se tenir debout, de se dresser, dans une sorte d’appĂ©tit du monde et de la rĂ©alitĂ©. Ce mot recouvrirait donc un certain nombre de qualitĂ©s humaines, notamment d’ordre Ă©thique c’est l’énergie, c’est le courage. C’est la luciditĂ©, qui est un courage aussi. C’est le mouvement vers. C’est tout le contraire de l’arrĂȘt, du dĂ©couragement, du ressassement, de la dĂ©ception, de l’enfermement dans l’abandon de tout. J’appelle beautĂ© » tout ce qui est mouvement vers, en fait. Et c’est ce mouvement qui fonde, pour moi, l’humain. PAM. La beautĂ© est en nous ? Car on a souvent l’idĂ©e d’une beautĂ© immanente, lointaine que les artistes, insuffisamment, piteusement, tenteraient de reconstruire
 S. Oui, elle est en nous ! C’est une question immense, bien entendu, et je voudrais d’entrĂ©e prĂ©ciser que je ne la pose pas en tant que philosophe, mais bien en tant que poĂšte je raisonne au plus prĂšs de ma propre sensation des choses, et rien d’autre. C’est la limite de ma parole, sa subjectivitĂ©, que j’assume, car c’est le fait du poĂšte. Pour moi, la beautĂ© se conquiert, se construit. Le mot beautĂ© » n’a de sens que dans une dialectique de combat, d’une lutte quotidienne, individuelle et collective le combat contre la laideur. Et je nomme laideur tout ce qui est forces antagonistes de l’humain », autrement dit tout ce qui est l’alliĂ© de la mort. Toutes les violences faites Ă  l’humain par l’humain et toutes les violences faites Ă  l’homme en l’homme, Ă  la femme en la femme, malgrĂ© lui, malgrĂ© elle. Tous les dĂ©mentis de la vie. Toutes les agressions faites Ă  la vie, dans la vie mĂȘme. Parce que, au fond, notre vie est un combat perpĂ©tuel contre le gouffre et l’abĂźme. PAM. Euh
 S. Je pense que tout commence par la catastrophe. Je l’ai dit souvent, je l’ai Ă©crit. La catastrophe de notre mort, pour commencer. DĂšs que l’on a un peu de conscience
 BĂ©bĂ©s, trĂšs tĂŽt nous vient la conscience de la solitude. LĂ  encore, je ne parle pas en psychanalyste. Je dis ce qu’il me semble. DĂšs qu’il quitte les bras de ses parents, un bĂ©bĂ© apprend la solitude. La solitude de l’enfant qui se trouve, soudain, posĂ© loin des bras, loin de la parole et des yeux, lui est terrible. Et cette solitude-lĂ , cette expĂ©rience de la sĂ©paration, de la perte, de la dĂ©possession, cette connaissance-lĂ , est physique, premiĂšre, initiale. C’est un aperçu de la mort et donc, on commence par la mort, d’une certaine façon. AussitĂŽt qu’on nait. AussitĂŽt qu’on nait, on prend le sentiment de la perte. De la dĂ©possession. De l’abandon. De la solitude. Il me semble que toute notre vie, Ă  la suite, est faite de la conscience de ça, et de l’effort pour dĂ©passer ça. Effort que la vie sans cesse dĂ©ment, puisqu’elle propose sans cesse des gouffres, des gouffres, des nouveaux gouffres et encore des gouffres, qui n’arrĂȘtent pas de confirmer que oui, si si, on est bel et bien nĂ© dans l’abĂźme. Vitraux de la synagogue de l’hĂŽpital d’Hadassah par Marc Chagall DĂ©tail. La vie Ă  plusieurs PAM. Oui, enfin, quand on Ă©coute un peu ce dont se plaint tout le monde, c’est plutĂŽt de payer trop d’impĂŽts. Ou pas les impĂŽts qu’il faudrait, Ă  la S. Bien sĂ»r. Je vais rĂ©pondre plus directement mais d’abord, je prĂ©cise que je parlais Ă©videmment d’un point de vue purement psychologique, du destin de la vie de chacun. De nos proches, qui meurent les uns aprĂšs les autres, jusqu’à ce que ce soit notre tour. On est mutilĂ© sans cesse comme ça. Et la beautĂ© dont je parle, ce construire-humain » donc, c’est ce qui s’inscrit contre ces mutilations. C’est sans cesse rĂ©parer la mutilation, d’abord, et la dĂ©passer, ensuite. Car autant on est mutilĂ©, autant on est augmentĂ© en face. Chaque mort, chaque dĂ©possession, chaque perte, chaque oubli qui nous dĂ©possĂšde
 À chaque fois on peut se reconstruire dans l’énergie inverse. Seulement, il faut le vouloir. Il faut pour cela un acte de dĂ©cision. C’est pourquoi, Ă  sa maniĂšre, ce titre, Politique de la BeautĂ©, insiste en rĂ©alitĂ© sur le mot politique » c’est une action concertĂ©e et rĂ©flĂ©chie. Mais Ă  la faveur de votre question marrante, il y a quelque chose dont je tiens compte, c’est que ce qui nous empĂȘche d’ĂȘtre humains et de nous accomplir dans l’humanitĂ©, c’est tout le reste. Tout ce qui est du domaine du concret et du matĂ©riel, c’est Ă  dire de la relation sociale par exemple, la relation Ă  l’autre, du moins telle qu’elle est dĂ©finie par les fonctions, les rĂŽles, les revenus des uns et des autres, et ainsi de suite. LĂ  oĂč sans cesse, on le voit bien, il y a des humiliations, des amputations, qui tiennent tout simplement Ă  l’ordinaire des mĂ©canismes sociaux. Et puis il y a aussi les grandes oppressions, symboliques, des sociĂ©tĂ©s religieuses, idĂ©ologiques et sociales. Oppressions et des mutilations, lĂ  encore. Pour le dire autrement, ou le redire il y a plein de strates d’empĂȘchements et nous sommes sans arrĂȘt au combat. Si l’on veut ĂȘtre une conscience libre, qui se dresse, qui possiblement trouve un sens Ă  sa vie, qui est en accord avec la vie, en accord exact avec la vie c’est cela qu’on appelle le bonheur, c’est pour cela qu’il ne saurait ĂȘtre qu’éphĂ©mĂšre et transitoire
 Eh bien, tout ça, ça ne se donne pas. Ça n’est pas donnĂ©, jamais. Ça ne peut se trouver que dans la conquĂȘte et dans le combat. PAM. Le combat ? S. Le combat contre ce que j’appelle la laideur. Toutes les laideurs de l’existence. Qu’elles soient mĂ©taphysiques, ontologiques, aussi bien que
 Disons, que toutes les merdes de l’existence, quoi. Tout ce qui est violence et agressions contre nos dĂ©sirs, contre notre volontĂ© d’ĂȘtre bien, libre et de vivre simplement. En janvier, mes Ă©lĂšves de 6 A et de 6 E ont rĂ©digĂ© des poĂšmes inspirĂ©s par celui de Jean Pierre SimĂ©on Neige », extrait du recueil A l’aube du buisson, publiĂ© en 1985. Un poĂšme d’actualitĂ© ! que je vous propose de dĂ©couvrir Neige FantĂŽme lĂ©ger fantĂŽme court sur le toit danse Ă  la fenĂȘtre laisse dans le jardin la blancheur de ses pas *** Dormeuse, lente dormeuse couve le paysage endort sa mĂ©moire laisse dans nos mains une lumiĂšre froide *** Ourse belle ourse blanche ne connaĂźt du printemps que l’élan du ruisseau qui lui prend sa fourrure pour de trĂšs longs voyages Les Ă©lĂšves devaient simplement remplacer certains mots que j’avais soulignĂ©s dans ce texte pour inventer un poĂšme de leur choix Ă©voquant autre chose que la neige par exemple, la pluie, la nuit, la lune, le soleil, la joie, la tristesse
 Ils avaient aussi le droit de choisir leur thĂšme et devaient conserver la structure du poĂšme, c’est-Ă -dire les trois strophes, mais aussi la structure syntaxique et les classes de mots, dans la mesure du possible. Ils devaient aussi respecter l’organisation sĂ©mantique du poĂšme, qui associe la neige Ă  une personne, dans les premiĂšres strophes fantĂŽme », dormeuse », puis Ă  un animal ourse », dans la troisiĂšme strophe. Bien sĂ»r, nous avions prĂ©parĂ© ce travail par de petits exercices d’écriture et toutes les leçons prĂ©cĂ©dentes, mais ce n’était pas si simple, Ă  mon avis. Ils ont plutĂŽt bien rĂ©ussi, dans l’ensemble, et je les fĂ©licite. Voici certains de leurs Ă©crits et vous verrez que le thĂšme prĂ©fĂ©rĂ© a Ă©tĂ© le soleil, qui nous manque tant en Seine et Marne ! Le soleil LumiĂšre, puissante lumiĂšre traverse les planĂštes Ă©claire nos vies laisse dans l’univers ta magnifique valeur *** EnvoĂ»teur, brillant envoĂ»teur rĂ©chauffe nos cƓurs fais-les scintiller laisse dans nos mains l’avenir de demain *** Tigre, vaillant tigre, ne connaĂźt de la lune que sa blancheur Ă©carlate qui lui prend sa chaleur, pour de trĂšs froides nuits
 Nicolas C. Encore le soleil
 Le soleil CrĂ©ateur, puissant crĂ©ateur monte sur la voix rayonne sur la colline laisse dans le village la chaleur de ses Ăąmes *** LumiĂšre, douce lumiĂšre Ă©veille le paysage rĂ©veille sa splendeur laisse dans nos mains un rayon lumineux *** Lion, beau lion orange Ne connaĂźt du paradis que la force de la lumiĂšre qui lui prend sa couleur pour de trĂšs longs voyages Quentin D. Et toujours le soleil ! Soleil Soleil chaud, chaud soleil Ă©claire la terre illumine la vie laisse dans le ciel un rayon de lumiĂšre *** Soleil, soleil si chaud Ă©claire le jour offre-nous ta lumiĂšre laisse dans nos mains des gouttes de lumiĂšre *** Dragon, crache du feu ne connaĂźt du froid que la chaleur de la lave qui lui prend sa beautĂ© pour de trĂšs longs moments Maxime B. Le vent, la pluie, la nuit, la lune et la guerre ont aussi Ă©tĂ© reprĂ©sentĂ©s. Voici le vent Le vent Ange, merveilleux ange galope sur les feuilles joue dans la forĂȘt laisse dans la montagne le froid de sa mĂ©lodie *** Danseur, beau danseur Apporte la tristesse rĂ©veille sa beautĂ© laisse dans nos mains un papillon glacĂ© *** Lapin, gentil lapin ne connaĂźt de l’hiver que la beautĂ© de la neige qui lui prend sa grĂące pour de trĂšs longues annĂ©es Manon G. Voici la nuit, par l’auteur du premier Soleil », qui a Ă©tĂ© plĂ©biscitĂ© par les Ă©lĂšves pour la qualitĂ© de ses textes La nuit Gentleman, galant gentleman voyage dans la galaxie tangue dans le ciel laisse dans l’infini tes brillantes Ă©toiles *** RĂȘveuse, profonde rĂȘveuse, endort le monde fais le rĂȘver laisse dans nos mains notre belle vie *** PanthĂšre noire, timide panthĂšre noire, ne connaĂźt de la journĂ©e que le soleil levant, qui lui prend sa chaleur, pour de trĂšs courtes existences
 Nicolas C. J’ajouterai d’autres poĂšmes dĂšs que j’aurai un peu plus de temps pour constituer une petite anthologie qui fera honneur, je l’espĂšre, Ă  Jean Pierre SimĂ©on
 1. ComposĂ©e en Didot corps 12, cette Ă©dition de [ici le titre] a Ă©tĂ© tirĂ©e Ă  deux mille exemplaires pour l’automne [ici le millĂ©sime] sur les presses de Cheyne Ă©diteur, au Chambon-sur-Lignon, Haute-Loire.» L’inscription figure sur la derniĂšre page des livres de la prestigieuse collection verte deux nouveautĂ©s publiĂ©es par an. Les ouvrages sont consultables et caressables dans la librairie l’Arbre vagabond, QG du festival Lectures sous l’arbre organisĂ© par Cheyne. Papier vergĂ©, jaquettes Ă©lĂ©gantes et finement grenues, et le poinçon du plomb sur les pages cousues. Ce mĂȘme plomb qui, pieusement mĂȘlĂ© Ă  de l’antimoine, servit Ă  Gutenberg Ă  imprimer la premiĂšre Ă©dition latine de la Bible 1453. Un bel Ă©crin, les livres de Cheyne, mais pour quel trĂ©sor? Pour quelle parole sacrĂ©e?La suite aprĂšs la publicitĂ© Les Ă©crivains sur scĂšne un truc de beau gosse ? 2. Dans son Panorama de la poĂ©sie française aujourd’hui», Ă©voquĂ© dans une prĂ©cĂ©dente tribune, Jean-Michel Espitallier s’en prend Ă  ceux pour qui la poĂ©sie serait d'abord affaire de profondeurs, parole oraculaire 
 forant dans l'Ă©paisseur encrĂ©e de l’ineffable.» 3. D’oĂč parle Jean-Michel Espitallier? D’une esthĂ©tique joueuse et expĂ©rimentale, ennemie du lyrisme forcĂ©ment boursouflĂ©, adepte de la parodie et du dĂ©tournement – certaine avec ValĂ©ry que le plus profond, c’est la peau». Et d’une nĂ©buleuse de pouvoir Ă©ditorial qui rassemble les Ă©diteurs Al Dante et et le cipM Centre international de poĂ©sie de Marseille. A travers notamment la publication de l’anthologie PiĂšces dĂ©tachĂ©es» du mĂȘme Espitallier, en 2011 chez Pocket, et de celle d’Yves di Manno et Isabelle Garron dite anthologie Flammarion» en 2017 choix beaucoup plus vastes, mais affinitĂ©s Ă©lectives avec la premiĂšre, cette nĂ©buleuse a encore renforcĂ© sa visibilitĂ©, bien supĂ©rieure Ă  son poids rĂ©el. Dix pour cent de la poĂ©sie en France», tranche Jean-Pierre SimĂ©on, lyrique pas bĂ©gueule, fondateur du Printemps des poĂštes et membre du comitĂ© Ă©ditorial de Cheyne. "La poĂ©sie sauvera le monde" et puis quoi encore?La suite aprĂšs la publicitĂ© 4. Espitallier la poĂ©sie ennemie ne peut se concevoir qu'en Ă©troite association avec de beaux livres artisanaux. 
 Du coup, [elle] a fini par ĂȘtre parfois associĂ©e Ă  un artisanat sympathique, comme la boulangerie d'art et les tourneurs sur bois. Belle ouvrage et artisan-poĂšte, vaguement libertaire avec collĂ© aux basques un peu de cette terre "qui ne ment pas".» Fichtre. 5. Cheyne n’est pas un Ă©diteur de la ruralitĂ©, s’agace Jean-François Manier, son fondateur. Ce qui nous caractĂ©rise, c’est notre indĂ©pendance. Nous lisons, nous fabriquons, nous diffusons, nous distribuons. Nous avons une complĂšte indĂ©pendance Ă©conomique, Ă  la diffĂ©rence de L’Olivier Le Seuil et de [capital dĂ©tenu Ă  88% par Gallimard, NDLR].» 6. Oui, mais tout de mĂȘme. FlorilĂšge de titres du catalogue du Cheyne Venant le jour», MalgrĂ© la neige», l’Epine et sa mĂ©sange», Une femme de ferme», le Bois de hĂȘtres», MĂ©tairie des broussailles», le Livre des poules». FlorilĂšge Al Dante la PoĂ©sie motlĂ©culaire», Gang blues ecchymoses», Meurtre artistique munitions action explosion», FrĂšres numains discours aux classes intermĂ©diaires», Lecture de 5 faits d’actualitĂ© par un septuagĂ©naire bien sonné». Ce n’est pas tout Ă  fait le mĂȘme son de cloche ou de balle dum-dum. 7. Je ne sais pas trop ce que je fais ici, s’amuse la romanciĂšre Marie-HĂ©lĂšne Lafon, invitĂ©e du festival. Mais oui, sans doute, il existe une littĂ©rature des pays et des paysages dans laquelle je m’inscris, comme Pierre Michon, Pierre Bergounioux ou Mario Rigoni.»La suite aprĂšs la publicitĂ© Haute PoĂ©sie Bisounours et autres curiositĂ©s 8. De Cheyne on connaĂźt l’histoire, ressassĂ©e d’article en article la dĂ©couverte en 1977, par Jean-François Manier et sa compagne d’alors, d’une ancienne Ă©cole isolĂ©e sortant de la brume cf. JosĂ© Arcadio BuendĂ­a fondant Macondo, au sortir d’un rĂȘve, au dĂ©but de Cent ans de solitude», l’apprentissage de la typographie au plomb, le lancement en 1980, sans un sou, de la maison d’édition, le pari en 1992 d’un festival sur la base d’un concept porteur mettons un poĂšte sous un arbre
 L’histoire tend Ă  devenir story-telling et dĂ©tourner de l’essentiel les livres publiĂ©s. 9. Le haut pays» de Jacques Vandenschrink est celui des vents intransigeants» et du merle goulu», des martinets cisaillant le crĂ©puscule» et des mĂ©sanges saoulĂ©es de se dĂ©crocher en plein vol dans chaque merisier». Chez Julie Delaloye, on vit Ă  la lisiĂšre des brumes», on entend le chant portĂ© par la vigne», on sent la fraĂźcheur fidĂšle de l’herbe», on voit la paupiĂšre rompue du chamois». Chez Jean-Yves Masson, souvenir des vols d’abeilles», odeur des blĂ©s parfaits», cerf au regard vĂ©hĂ©ment». Ce n’est qu’un Ă©chantillon, mais s’il n’y a pas lĂ  une lignĂ©e d'hĂ©ritiers de Char et de Jaccottet paysage mĂ©diterranĂ©en – plus ou moins pentu – et mĂ©taphores en rafale
La suite aprĂšs la publicitĂ© Philippe Jaccottet, le trĂšs haut 10. Crypto-pĂ©tainiste, la poĂ©sie des champs, comme l’insinue taquinement Jean-Michel Espitallier? A la salle des Arts de Saint-AgrĂšve, pas trĂšs loin du Chambon-sur-Lignon, village collectivement Ă©levĂ© au rang de Juste par le mĂ©morial de Yad-Vashem, Denis Lavant a lu rauque, athlĂ©tique deux trĂšs courts textes de rĂ©sistance publiĂ©s par Cheyne. Matin brun » de Franck Pavloff 1998 est une fable grinçante et drĂŽle sur l'ascension de l'extrĂȘme-droite en France deux millions d'exemplaires vendus, grĂące Ă  une sorte d'effet Hessel – Indignez-vous» – avant la lettre. Traverser l’autoroute», de Maxime Fleury 2017, c’est un enfant devant une glissiĂšre d’autoroute, un flot de voitures, et de l’autre cĂŽtĂ©, peut-ĂȘtre, son pĂšre, avec qui il essaye de communiquer en langue des signes. C’est le gamin qui raconte, il parle un peu comme le Momo de Romain Gary dans la Vie devant soi» – le genre tĂŽt grandi. Au milieu des bidons, des palettes et des parpaings, dans son campement sans eau potable, il se sent comme ces gouttes de pluie sans destin C’est comme nous, on vient de loin et on s’écrase au bord de l’autoroute.» Sur scĂšne, Edwy Plenel l’Edwy Plenel Mediapart est partenaire du festival ponctue, prolonge. Parle des rĂ©fugiĂ©s Quand quelqu’un coule, on le sauve.», cite PĂ©guy Il y a quelque chose de pire que d'avoir une Ăąme mĂȘme perverse. C'est d'avoir une Ăąme habituĂ©e.». Se moque de lui-mĂȘme Encore un prĂȘche du pĂšre Plenel!»La suite aprĂšs la publicitĂ© "Si PĂ©guy me proposait un article pour Mediapart
" entretien avec Edwy Plenel 11. La soirĂ©e Neruda plombe un peu. Passons sur les juvĂ©niles poĂšmes d’amour, dont la traduction rĂ©clamerait une langue semblable cristalline et facile Ă  celle de cet autre poĂšte Ă©lu des draps», Paul Éluard. Reste le Neruda politique, dessillĂ© par la guerre d’Espagne, guĂ©ri de ses dĂ©rives gidiennes et rilkiennes», torrentiel et gĂ©nial sans doute, mais stalinien sinon de cƓur, du moins de style. Tu m’as fait l’adversaire du mĂ©chant, tu m’as fait mur contre le frĂ©nĂ©tique 
/Tu m’as rendu indestructible car grĂące Ă  toi je ne finis plus avec moi.» A mon parti» 12. La figure du poĂšte-phare fait rire aujourd’hui petits et grands. Mais sans doute faut-il prendre en compte les contextes historiques et locaux. J’ai grandi dans une culture oĂč les politiques sont des poĂštes, oĂč l’art oratoire est un art poĂ©tique, se souvient Edwy Plenel, qui a vĂ©cu Ă  la Martinique jusqu’à l’ñge de 10 ans. La poĂ©sie de CĂ©saire, qui semble hermĂ©tique, complexe, est trĂšs concrĂšte. Le matin il recevait Ă  la mairie, Ă  midi il partait avec son chauffeur et faisait le tour de l’üle. Sa poĂ©sie est en partie nourrie de ces promenades.» 13. Nos Ă©lites hexagonales issues de l’X ou de ENA, poursuit Plenel, regardent ça avec dĂ©dain, comme si ce n’était qu’un supplĂ©ment d’ñme, une distraction. Leur monde est dĂ©pourvu d’imaginaire.» Il est temps de changer de sĂ©rieux», dit d’une autre façon Jean-Pierre-SimĂ©on dans son essai la PoĂ©sie changera le monde», qui invite Ă  dresser dans l’espace public la barricade du poĂšme». Hmmmm. Dans son blog, l’écrivain Pierre Jourde se moque de cette doxa indĂ©finiment rĂ©pĂ©tĂ©e depuis deux siĂšcles, avec ses synonymes interchangeables, rĂ©bellion, insurrection, insoumission, qui trouve son apogĂ©e grotesque dans "l’Éloge des voleurs de feu" de Dominique de Villepin, le fameux marginal».La suite aprĂšs la publicitĂ© L'insurrection institutionnelle, par Pierre Jourde 14. Dans son essai cependant, SimĂ©on parle d’autre chose. D’une langue appauvrie par ses usages mĂ©diatiques et technocratiques, et d’un imaginaire devenu territoire occupĂ© et soumis». J’en ai Ă©tĂ© tĂ©moin tant de fois la plupart de ceux qui 
 entendent un poĂšme Ă  eux offerts Ă  l’improviste, remercient. J’ai eu le sentiment parfois qu’ils y retrouvaient une dignitĂ© et comme une fiertĂ© pour eux-mĂȘmes.» Denis Lavant J’ai fait cinq lectures en Russie, entre Ekaterinburg et Rostov, devant un public qui considĂ©rait que la poĂ©sie avait une grande importance. En Colombie aussi, la poĂ©sie est dans la vie.» 15. Revenons au catalogue du Cheyne, qu’il serait injuste de rĂ©duire Ă  quelques Ă©pigones d’une poĂ©sie altiĂšre qui fait sa mystĂ©rieuse. Je m’accroche Ă  la nuit, qu’est-ce que ça veut dire?» Ito Naga est perplexe. La mĂ©taphore, ça n’est pas son truc. Lui est astrophysicien, il a d’autres motifs d’étonnement. On ne pense pas [que la lune] peut trembler au moment oĂč on la regarde. Il y a des tremblements de lune comme il y a des tremblements de terre.» Mais l’astrophysique, dit-il, ça n’est pas ça qui permet d’ĂȘtre au monde. Il a placĂ© en en-tĂȘte de son livre NGC 224» une citation de Rilke Être ici est une splendeur.» Par exemple Ă  cet instant prĂ©cis "Ah ! Tu es comme ça, toi ?", s’est Ă©tonnĂ©e cette enfant quand je suis ressorti de l’eau aprĂšs un plongeon dans la piscine.» Ses petits vertiges», Ito Naga haut gentleman Ă  l’Ɠil bleu perchĂ© les doit aussi Ă  sa longue frĂ©quentation du Japon. Pour faire des raviolis, on dit en japonais qu’il faut pĂ©trir la pĂąte jusqu’à ce qu’elle ait la consistance des lobes d’oreille mimi tabu. La poĂ©sie serait-elle simplement le goĂ»t des choses?» Glissements, rebondissement, dĂ©rivations avec un art consommĂ© du montage, l’auteur coud ses fragments – bouts philosophiques, boutures de sensations, pĂ©pites philologiques, demi-blagues
 Ses quatre livres sont Ă©galement suite aprĂšs la publicitĂ© Le long cri d'AimĂ© CĂ©saire n'a pas fini de rĂ©sonner 16. La mĂ©taphore, Jean-Claude Dubois ne l’aime guĂšre non plus. Il revient de loin, du lyrisme Ă©bouriffĂ© du surrĂ©alisme. Et puis il a rencontrĂ© Guillevic des textes trĂšs courts, des distiques souvent, de 8 Ă  10 syllabes, sans images, sans clinquant, sans scintillement.» Rencontre avec une forme, mais aussi avec un alter ego solitaire, qui, enfant, communiquait avec un bol, une bouteille, une table, n’avait pas mĂȘme un animal, a perçu la vie dans les pierres.» Son livre Le Canal» raconte une transaction secrĂšte» la plus belle dĂ©finition de la poĂ©sie, elle est de Jaccottet» entre un enfant et un canal. J’avais dix ou douze ans. Mon compagnon de jeu Ă©tait un canal Ă  grand gabarit. 
 J’écoutais le canal rendre la justice./ Quand il avait fini,/je rentrais chez moi./Il retournait dans son verre d’eau.» Dans le canal il y a des aĂŻeux, une femme d’octobre mais on ne sait plus de quel jour 
 qui pose son village sur la table de nuit et s’endort.» Et puis ce canal fait de vinaigre/et d’ennuis», couleur de noyade» Cioran en exergue, il faut le quitter, s’en dĂ©pĂȘtrer comme Ă  regret, peut-ĂȘtre pour grandir. Le Canal» est tissĂ© d’un charme douceĂątre et brumeux, d’épiphanies discrĂštes, de dĂ©solations retenues. On songe parfois Ă  un Christian Bobin sans Dieu. C’est dire si la voix de Jean-Claude Dubois est suite aprĂšs la publicitĂ© Les bons sentiments de Christian Bobin font-ils de la bonne littĂ©rature? 17. Robert et JosĂ©phine », de Christiane Veschambre, est un autre livre fondĂ© sur le montage, qui Ă©voque par sĂ©quences l’histoire des parents de l’auteure JosĂ©phine arrive Ă  la Jeune France», trouve une famille», va chercher son mari Ă  la sortie de l’usine», repasse», n’a plus d’argent»  CinĂ©ma trouĂ© de l’expĂ©rience intĂ©rieure», de l’émotion mĂ©ditĂ©e» Bataille. Mais la langue est Ă  l’opposĂ© de l’écriture behavioriste du commun des scĂ©narios. Il s’agit, pour l’écrivain, de faire taire en soi la belle langue» 
 pour qu’aprĂšs le silence puisse surgir la langue des soubassements» selon GĂ©rard Noiret sur l’excellent site En attendant Nadeau. Une basse langue», des mots pauvres» titres de deux autres recueils de Veschambre Quand JosĂ©phine/est apparue//sur terre/personne//ne s’en est aperçu.» Chercher une basse langue pour camper les gens de peu» le sociologue Pierre Sansot, c’est en somme le contraire du projet d’un Pierre Michon. Christiane Veschambre se place du cĂŽtĂ© des microgrammes» de Robert Walser, d’Erri de Luca, d’Emily Dickinson. Les mains de JosĂ©phine/au-dessus du drap repliĂ©/qui protĂšge la table/et borde la page/que l’enfant tourne». Un critique ne devrait pas dire ça tout le livre est trĂšs suite aprĂšs la publicitĂ© Que s'est-il passĂ© dans la poĂ©sie française depuis un demi-siĂšcle ? 18. Pas de tendance fracassante, de trending poetic; pas de post-liturgistes, pas de supra-spleenĂ©tiques; la poĂ©sie est devenue bien ennuyeuse. Ah si, tout de mĂȘme le recueil» est Ă  la baisse, le livre» Ă  la hausse. Ce n’est sans doute pas juste une coquetterie de dĂ©nomination. Jean-Claude Dubois par exemple, au cours d’une causerie sur Guillevic, insistait sur la nĂ©cessitĂ© de travailler un thĂšme jusqu’au cƓur». Ito Naga et Christiane Veschambre ne diraient pas autre chose. Ce qui se joue? L’effacement relatif du livre de poĂ©sie pensĂ© comme un florilĂšge de flĂšches, d’épiphanies – loin des moments nuls» de la vie que Breton jugeait indigne de cristalliser». JB Corteggianiauteur et rĂ©alisateur

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